un monde d'oiseaux voyageurs
Le Cantique des oiseaux a été écrit vers 1177 par Attar, le poète apothicaire de Nichapur (ville du nord est de l’Iran, dans le Khorassan). Il s’agit d’un poème en prose de 9 448 vers constituant un chant sacré par excellence. Il retrace l’histoire de la quête de la Vérité (la recherche de l’Être suprême) par les oiseaux du monde.
Guidés par la huppe, symbolisant le poète guide spirituel et messagère élue du roi Salomon, les oiseaux vont vivre une aventure spirituelle faite de doutes et de découvertes qui n’est pas sans rappeler le parcours de ceux qui s’engagent dans leur perfectionnement spirituel. L’objectif est de parvenir à la Simorgh, et seule la huppe connaît l’endroit où elle demeure et le chemin pour y parvenir.
La Simorgh est l’oiseau symbole de la pensée de Dieu :
Oui, l’Être souverain existe, Être sublime
Sa demeure se trouve par-delà le mont Qâf
Son nom est la Sîmorgh, la Majesté suprême
Elle est proche de nous et nous sommes si loin
Elle repose au Sanctuaire de la gloire
Son nom est au-delà de ce que peut la langue
Distiques 691 à 694
"Chers oiseaux, leur dit-elle, je suis la messagère
De notre Majesté et voix de l’invisible
Je La connais, c’est sûr, au tréfonds de mon âme
Et en toute finesse, je sais tous ces secrets
Celui qui à son bec porte le nom de Dieu (ref)
Il n’est pas étonnant qu’il sache des secrets"
Distiques 708 à 714
"Ainsi donc je sais qui est mon Souverain
Je ne peux pourtant pas aller seule vers lui
Mais si vous devenez mes compagnons de route
Vous trouverez accès à son intimité
Il faut vous libérer de votre égocentrisme !
Subirez-vous longtemps votre absence de foi ?
Qui renonce à sa vie gagnera sur lui-même
Dans la Voie de l'aimé qui est source de vie
Il sera au-delà et du bien et du mal
Donnez donc votre vie et entrez dans la danse
Qui à ce seuil royal finit en révérence
Oui, l’Être souverain existe, Être sublime
Sa demeure se trouve par delà le mont Qâf
Son nom est la Sîmorgh, la Majesté suprême
Elle est proche de nous et nous sommes si loin"
Parmi les oiseaux réunis autour de Salomon, c’est la huppe (hudhud), qui porte la lettre du roi prophète à la reine païenne et à son peuple, pour les sortir des ténèbres spirituelles.
Messagère et guide – le jeu de mots à la fois sonore et graphique entre hodhod (la huppe) et hâdî (le guide) en fait la métaphore idéale de l’éclaireuse des âmes – , la huppe avait en outre, selon la légende, la faculté de déceler les points d’eau sous la terre. En effet, elle a le don de vision par delà la matière dense du sol, métaphore du corps fait de terre et dans les ténèbres duquel coule l’eau de la vie éternelle.
Le guide spirituel est précisément ici celui qui a accès à l’âme cachée sous le voile du corps.
Dans la mystique persane (le poème de ‘Attâr), le Cantique des oiseaux, la huppe invite les âmes oiseaux à l’envol. Sa crête dorée rappelle à la fois l’auréole de la sainteté et la couronne des rois.